Zen venait d'entrer dans un bar. Il se mit au comptoir et commanda du coca !

Snow gara sa moto devant l'entrée du bar et entra pour y faire une pause (ça faisait un moment qu'elle avait le cul sur sa bécane) et boire un café. Il dévisagea brièvement la clientèle présente avant de s'appuyer par les coudes sur le comptoir.

Zen, jeta un œil vers l'énergumène qui venait de rentrer. Plutôt jeune.

- Quelles sont les nouvelles demanda-t-il au barman.

- Je te remercie pour Fergus... soupira le barman en posant le coca devant Zen.

Zen sourit légèrement. Fergus, c'était un jeune homme comme celui qui venait d'entrer. Il venait d'avoir un accident de voiture. Zen était présent - c'est lui qui fit le 15.

Snow sirota son café, tournant le dos aux deux interlocuteurs qui discutaient. Il levait de temps en temps la tête vers l'écran de télévision qui retranscrivait en boucle les informations du jour. Le jeune homme ne prêtait que peu d'attention au contenu télévisuel.

Un groupe arriva et sans raison aucune, ils attrapèrent Zen et le colla contre le mur.

- Lâchez-le ! S'écrit le barman.

- Ta gueule le vieux lâcha l'un des hommes.

- C'est qu'une tapette...

Bien évidemment et comme pour tout le monde, l'altercation ne passa pas inaperçue aux yeux de Snow qui fixa la scène, fronçant les sourcils. Apparemment ils en avaient après un mec et vu qu'ils étaient plusieurs, ce dernier risquait de passer un sale q[u]art d'heure.

Snow savait se battre, il avait grandit dans un quartier difficile, avait appris la boxe et la self défense, mais il hésita quand même. Se risquer à aller affronter un groupe de personnes... Pour un inconnu dont il n'avait rien à faire... Hmmm, quel intérêt ?

Cela dit, s'il ne faisait rien, le mec allait se faire défoncer. Mais peut être qu'en voyant que Snow interviendrait, ça l'inciterait à sortir les poings lui aussi.

Le jeune homme termina sa tasse cul sec et la posa d'un claquement sec sur le comptoir avant de s'adresser au groupe d'agresseurs :

- Et ben, 4 contre un, quel courage, les mecs.

- Tu as dis quelque chose connard lâcha l'un des hommes.

Les autres types regardèrent l'inconnu d'un air mauvais. Zen était le premier surpris, cela dit des jeunes comme ça... il en connaissait certains.

Rapidement l'inconnu fut encerclé par deux hommes. Tandis que les deux autres commençaient à mettre des coups de poing à Zen.

Le barman appela les gendarmes, terrifié.

Deux mecs, dont celui qui avait répondu à Snow, s'approchaient de ce dernier, pendant que les deux autres s'occupaient de taper sur le mec collé au mur.

- Ouais, j'ai dis qu'tétais un boloss.

Sans laisser à quiconque le temps de répondre, Snow frappa son interlocuteur d'un front kick en plein dans le torse, coupant le souffle de ce dernier et l'envoyant valser quelques mètres en arrière.

Le jeune homme fut malgré tout surpris par la rapidité de réaction du deuxième qui lui décocha un crochet du gauche à la mâchoire, ce qui fit vaciller Snow. Mais celui-ci, habitué à se battre et à manger des coups, réagit et bloqua la tentative de crochet du droit de son adversaire par un habile mouvement de son avant bras gauche. Dans le même temps, il colla sa main droite sur la nuque de l'agresseur et d'un brusque mouvement, lui fracassa la tronche sur le comptoir.

Trois, quatre coups dans le dos, les hanches ont pris aussi. Quand bien même, Zen fixe le jeune homme et s'étonne de le voir se défendre et répliquer aussi bien.

L'un des hommes change de cible, aussitôt Zen prend sur lui et frappe son bourreau de plusieurs coups de poing. Dans le visage notamment. L'homme se recule. Zen attrape une chaise et l'assomme. Plus rapide que son agresseur, celui-ci tombe par terre.

Au même moment, les flics arrivent.

Snow fracassa une deuxième fois la tronche de son adversaire (pour être sur qu'il aurait son compte) et fit volte face pour voir un mec se diriger vers lui tandis que l'autre était encore au sol, le soufle coupé par le front kick. Il cherchait à reprendre sa respiration.

Le nouvel adversaire se prépara à frapper Snow qui se baissa vivement pour esquiver le coup de poing. Il riposta par un crochet au foie, avant de l'enchaîner de quelque directs au visage.

C'est à ce moment qu'on entendit une sirène à l'extérieur du bar. Des flics arrivaient. Merde, c'était pas bon ça.

Zen en avait vu des garçons comme lui et comment dire ? Un mec comme lui avec du sang ici et là et des hommes à terre, ça ne sentait pas bon, en effet.

Aussi Zen attrapa le bras du jeune homme et l'entraina à sa suite sous les yeux affolés du barman. Zen connaissait bien les lieux aussi il savait qu'une porte menait vers une cave. Après s'être engouffré dans un couloir humide et obscur, il ferma la porte, poussa le jeune contre la porte pour faire appuie puis il plaqua sa main sur la bouche du jeune homme en prenant soin de ne pas le blesser ou l’étouffer. Les flics étaient juste derrière.

Malgré la situation, Zen en profita pour relooker son sauveur et finalement... il remplaça sa main par ses lèvres.

Snow sentit qu'on lui prit le bras et se prépara à frapper quand il reconnu la victime des agresseurs. Ce dernier commença à l'entraîner avec force vers un escalier.

- Qu'est ce que...

Ils se retrouvèrent quelques instants plus tard plus bas, dans une pièce sombre, la main du mec plaquée sur la bouche de Snow qui fronçait les sourcils. Puis, sans crier gare, le mec commença à essayer de l'embrasser.

Snow le repoussa vivement des deux mains et cracha au sol.

- Bordel, mais tu fais quoi là ?

Snow cracha encore, comme si on avait essayé de lui faire avaler du poison.

Zen plaqua avec un peu de violence sa main sur la bouche du garçon.

-Ils sont encore là murmura-t-il.

Zen écoutait les bruits de pas qui finirent par s'éloigner. Il retira sa main.

- Ces types... sont des chasseurs, ils sont payés pour traquer les types comme moi et les tuer. Bizarrement, les flics ne leur courent pas après pour autant donc... j'ai cru que tu étais comme moi...que tu aimais les hommes.

Snow se résigna à ne pas bouger, mais si le mec tentait encore une fois ce genre de truc, il en subirait les conséquences.

Il écouta ce que lui apprit son interlocuteur. C'était un peu tiré par les cheveux, mais bon, pourquoi pas. Mais quel était l'intérêt de tuer un type lambda, juste parce qu'il était homo ? Il devait sûrement y avoir autre chose derrière.

Snow finit par dégager la main de son interlocuteur.

- Non, les mecs c'est pas mon truc, ne recommence jamais ! Genre des mecs sont payés juste pour tuer des homos ? C'est chelou ton histoire.

Zen s'adossa au mur, il tremblait légèrement. Il attrapa une clope et l'alluma. Puis il tira dessus avant de relâcher une épaisse fumée blanche.

- Pour certaines personnes, nous sommes des démons alors qu'un groupe souhaite notre mort. Et puis, j'imagine que ma fuite n'y est pas pour rien aussi.

Le regard dans le vide, Zen poursuit son récit.

- ... s'ils ne te tuent pas, ils t'enferment dans des cages et tu deviens un animal. D'ailleurs, un animal sera mieux traité que toi. Tu es vendu et acheté au plus offrant. Tu as une étiquette gravée dans le cou comme un produit vendu dans le commerce. Personne ne connait ces gens, personne ne sait ce qu'ils font. J'ai pu m'enfuir car mon maitre devenait vieux et moi - enfant, je devenais fort.

Snow restait incrédule au récit de son interlocuteur.

Ca ressemblait à un scénario de thriller.

- Et personne ne les as arrêté ?

Une autre bouffée blanche envahit la pièce.

- Tout le monde y trouve son compte... alors pourquoi les arrêter ? T'imagines pas le fric qui passe par là. Certains vendraient père, mère et... enfants pour entrer dans leur secte. Tu crois que j'aurai accompagné mon père ce soir-là si j'avais su ce qui m'attendais ?

Snow tendit la main :

- Donne moi une clope !

Le jeune homme fixa son interlocuteur. Malgré les explications de ce dernier, il restait sceptique.

- Donc ton père t'as vendu à une espèce de secte intouchable, tu as été confié à un maître qui a abusé de toi et tu t'es barré quand t'as eu la force de le faire, c'est bien ça ?

Zen lança son paquet de cloque à son nouvel ami. Dedans, il y avait également un briquet.

- J'avais ton age quand je me suis enfui... j'ai changé de nom, de ville, de pays... mais le fait qu'ils nous retrouvent aussi rapidement ne m'inspire rien de bon. Ça fait 6 mois que j'ai déménagé ici.

Snow attrapa le paquet au vol, sortit une cigarette, la colla à sa bouche avant de l'allumer et tirer quelques bouffées qu'il recracha en faisant des cercles de fumée.

- Ben faut croire que t'as pas fais assez de changements. Et tu comptes faire quoi maintenant ?

- Fuir. Je ne peux pas rentrer chez moi.

Zen tira sur sa clope.

- Ils ont vu ton visage et tu t'es interposé, tu es également devenu une cible, ils n'aiment pas trop partager leur jouet tu vois... pour te donner une idée... tous les amants que j'ai eu ont mystérieusement disparu. Aucun corps retrouvé. Aucune trace de sang. Rien. Les familles évitent le sujet en général. J'ai appris ce qui se passait grâce à la sœur de mon dernier amant - tu te souviens pas d'une jeune femme brûlée vive sur la grande place ? C'est passé aux infos. Personne n'a bougé le petit doigt pour lui venir en aide...

Snow fumait tout en écoutant son interlocuteur.

Il avait effectivement entendu parler de ce fait divers étrange et barbare.

- Oui, ça j'ai entendu parler. Donc c'était eux, enfin, les mecs qui t'ont agressé, ou des mecs qui bossent avec eux ?

Snow tira encore quelques bouffées.

- Hey mec, j'suis pas ton amant, donc j'risque rien. En tout cas, ton histoire, elle est trop chelou, je crois qu'on va aller chacun d'notre côté tous les deux. J'ai pas envie d'avoir encore affaire avec les flics, j'ai déjà donné.

Snow plaqua son oreille contre la porte, il ne semblait y avoir aucun bruit à l'extérieur. Il était peut être temps pour lui de quitter la pièce, le bar, enfourcher sa bécane et se casser d'ici le plus vite et le plus loin possible.

Zen posa sa main sur la porte.

- Parce que tu crois qu'ils prennent le temps de vérifier qui a éjaculé le premier ?

Zen prit un air sérieux.

- Crois-moi un baiser volé n'ai rien comparé à la vie qu'ils te feront vivre si tu sors d'ici maintenant.